Coprolalie de Yves Cusset
25 avril
Coprolalie
Chronique "A boire Cusset" L'Allaisienne n°51
On connaît bien aujourd’hui le syndrome Gilles de la Tourette, dont la forme la plus sévère est caractérisée (oh putain, salope, salope) par la « coprolalie », ou production sonore involontaire de gros mots ou d’injures. Heureusement, jusqu’à ce jour, ce syndrome (enculé, enculé, connard) ne s’est jamais manifesté à l’écrit (grosse merde, pute, pute, pute). Mais une forme inédite en est récemment apparue, et elle se diffuse comme une épidémie (bite, bite, gros cul), c’est le Gilles de la Tourette écologique ou collapso-pathologie, caractérisé (putain de pesticides de merde, on va tous crever) par la collapso-coprolalie, ou manifestation panique, à grand renforts de gros mots, de peur de la catastrophe écologique. Dans la plus ordinaire des conversations entre amis, voilà que sans prévenir (planète pourrie, merde, merde, Monsanto Monsanto enculé) la perspective de la fin du monde vient s’immiscer, créant parfois un léger malaise entre les convives (dans 50 ans la moitié de l’humanité aura crevé, bordel de merde de bite à queue de rat crevé). J’ai assisté l’autre jour, dans la cour de l’asile où je viens tout juste d’être aimablement accueilli (salope, salope, enculé, les animaux crèvent), pour une petite cure de repos, à un échange étonnant d’amabilités entre un La Tourette capitaliste et un La Tourette écologique, que vous voudrez bien m’autoriser (connard, crève, putain GIEC, GIEC, GIEC, chier, con) à vous retranscrire dans ses grandes lignes :
- On est de plus en plus attentifs en entreprise aux questions de développement durable (je t’emmerde je t’emmerde on s’en branle branle branle du climat)
- J’aimerais croire à votre sincérité (gros tas, gros tas de merde, Greta, Greta), mais je doute que vos jolis mots (putain, putain, saloperie de pollueur), soient suivis des actes
- Mais comment pouvez-vous en douter ? (Oh putain, j’accumule, j’accumule, j’accumule, pute borgne, j’accumule, j’accumule, j’accumule et je te nique)
- J’émets simplement quelques réserves, (enfoiré enfoiré, crevure, espèce de connard, abruti, abruti, abruti) cher Monsieur
- Je vous trouve insultant (connard, connard, écolo de bouseux de merde, balai à chiottes, j’accumule, j’accumule, j’accumule, dividendes, stock-options, parachute doré, le capital te chie dessus, putain putain, encore, encore…)
Il aura fallu l’intervention d’un médiateur de la République (ça pue de la raie, je te pisse au cul, gros cul) pour calmer les débats. Ça va quand même beaucoup mieux depuis que je sais qu’on va tous crever.