Elisabeth PELEGRIN-GENEL

Architecte DPLG, urbaniste, psychologue du travail

 
Élisabeth Pélegrin-Genel a réalisé, entre autres, des immeubles de bureaux et s'est spécialisée dans les espaces de travail. Seule ou en collaboration avec des consultants, elle réalise des audits et accompagne les changements dans les entreprises. Elle a publié notamment L'Angoisse de la plante verte sur le coin du bureau chez ESF éditeur, en 1994, L'Art de vivre au bureau, chez Flammarion, en 1995, et a contribué à l'ouvrage collectif Les Bâtisseurs du présent édité par Le Moniteur en 2003,  25 espaces de bureaux,  Le Moniteur, 2006, 25 tours de bureaux, Le Moniteur,  2007 et DES SOURIS DANS UN LABYRINTHE aux éditions La Découverte en 2010..
 
Dans son essai « , décrypter les ruses et manipulations de nos espaces quotidiens » l’auteure nous invite à nous intéresser à tous ces “lieux communs” - poste, routes et rond-points, zones commerciales, grands magasins et boutiques, parcs de loisirs, Disneyland ou Paris-Plage - dont nous avons pris l’habitude, et que nous subissons sans les remettre en question. Mais n’importe quel espace public dans lequel évoluent des hommes est toujours construit, donc élaboré et pensé en vue de son utilisation.
Cependant nous serions bien naïfs de croire que la fonction détermine la configuration. Le bureau de poste aujourd’hui n’est pas conçu en vue de satisfaire au mieux la demande de l’usager. De façon bien plus pernicieuse, son aménagement vise une logique commerciale. Le bureau de poste ne cherche plus à satisfaire un besoin, il se veut pôle d’attraction et de distraction, centre de loisir et lieu du désir.
C’est bien le désir l’enjeu de tous ces nouveaux espaces. Pour preuve le florilège de lieux ultra spécialisés, ces bars à thèmes (pour les meilleurs : le bar à poussettes pour les jeunes parents, ou le bar Kube tout en glace pour des sensations extrêmes), ces boutiques de mode qui ressemblent à de véritables appartements habités où les vêtements sont savamment éparpillés un peu partout sur des fauteuils vintages. Qu’il s’agisse du square ou du Mac Do, la même stratégie de consommation est déployée. Tout est mis en place pour rendre le lieu suffisamment plaisant pour nous y faire entrer, mais aussi assez inadéquat à une occupation prolongée pour nous en faire partir rapidement. Ce qui est certain, c’est que nous évoluons dans un monde complètement mis en scène, de même que nous mettons toujours plus notre vie en scène. La transparence est mise à l’honneur et l’on entre dans l’ère de l’open-space. Tout le monde peut être vu, mais aussi localisé ; le public se mêle à l’intime. Le livre pose la question: Nos espaces urbains sont-ils conçus pour stimuler la consommation, reproduire des comportements prévus par le marketing, nous étourdir et inciter à la mise en scène de l'individu par lui-même?
 
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