Bernadette BENSAUDE-VINCENT

 

Historienne et philosophe des sciences, professeur à l'Université Paris I-Sorbonne

Invitée le 22 Septembre 2010
www.vivagora.org), association qui s’est engagée dans la mise en débat public des nanotechnologies dès 2005. Elle est l’auteure de nombreux ouvrages dont « Se libérer de la matière ? Fantasmes autour des nouvelles technologies <http://www.agrobiosciences.org/article.php3?id_article=1213> « (Inra, Paris 2004) et d’une Histoire de la chimie avec Isabelle Stengers (Ed. La Découverte, 1993, réédition 2002), ouvrage récompensé par le prix Jean Rostand en 1993 et traduit dans plusieurs langues (américain, portugais et espagnol). 
Elle observe les transformations qu’innovations et nouvelles technologies induisent dans la société, et s’intéresse tout particulièrement aux relations entre le monde scientifique et le public. En 2003 paraît «
La science contre l’opinion : histoire d’un divorce » (Seuil). En 2012 avec Dorothée Benoit Browaeys, Fabriquer la vie, seuil
Bernadette BENSAUDE-VINCENT a travaillé plus récemment sur les questions d’éthique des nanotechnologies. De 2006 à 2008, elle a coordonné le projet de recherche Biotechnologies et Nanotechnologies : enjeux éthiques et philosophiques. Dans son dernier ouvrage, «
Les vertiges de la technoscience : Façonner le monde atome par atome » (2009) elle traite précisément des enjeux et dangers des nanotechnologies et plaide pour un débat politique et public sur cette question.
 
LES VERTIGES DE LA TECHNOSCIENCE
« Façonner le monde atome par atome » : tel est l’objectif incroyablement ambitieux affiché par les promoteurs américains de la «
National Nanoinitiative », lancée en 1999. Un projet global de « convergence des sciences », visant à « initier une nouvelle Renaissance (…) fondée sur […] une analyse causale du monde physique, unifiée depuis l’échelle nano jusqu’à l’échelle planétaire ». Ce projet démiurgique est aujourd’hui au cœur de ce qu’on appelle la « technoscience », étendard pour certains, repoussoir pour d’autres. De quoi s’agit-il ?
Loin d’être un simple renversement de hiérarchie entre science et technique, il s’agit d’un changement de régime de la connaissance scientifique, ayant désormais
intégré la logique entrepreneuriale du monde des affaires et mobilisant des moyens considérables. Surtout, Bernadette Bensaude-Vincent montre que le brouillage de la frontière entre science et technique n’est que la manifestation d’un tremblement plus général, marqué par l’effacement progressif des distinctions traditionnelles : nature/artifice, inerte/vivant, matière/esprit, homme/machine, etc.
Alors que
nos sociétés sont silencieusement reconfigurées par les nanotechnologies, Internet, le génie génétique ou les OGM, ce livre montre l’importance de faire enfin pleinement entrer les questions de choix technologiques et scientifiques dans la sphère du politique et dans l’arène publique. Car la technoscience est un processus historique qui engage la nature en la refaçonnant et qui implique la société dans son ensemble.

 

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