C'est quoi la vraie richesse ?

CINÉ-DÉBAT du Jeudi 9 JUIN à 19H15

au Centre d’animation Place des Fêtes, 2, rue de Lilas, Paris 19e, métro Place des Fêtes

PROJECTION de INDICES de Vincent GLENN, documentaire, 81 min., mars 2011
INVITÉS : Vincent GLENN, réalisateur, Patrick VIVERET, philosophe et magistrat honoraire à la Cour des Comptes
THÈME du débat : C’est quoi la (vraie) richesse ?

Avant INDICES Vincent Glenn a réalisé 2 autres films, l’un en 2003 sur les forums économiques de Davos et de Porto Alegre, et un autre en 2004 sur l’OMC, Pas assez de volume, notes sur l’OMC.
Vincent Glenn est également musicien, il vient de fonder le " Pas Assez de Volume Orchestra".
PATRICK VIVERET est PHILOSOPHE et ancien magistrat à la Cour des Comptes, auteur de nombreux ouvrages dont « Reconsidérer la richesse » (2002, éd.de l’Aube), « Pourquoi ça ne va pas plus mal ? » (2005, Fayard). Avec Edgar MORIN il a écrit un petit livre pour grand public : « Comment vivre en temps de crise ». Cet autre titre évoque le thème d’aujourd’hui : « PIB, la richesse est ailleurs ». Puis deux autres titres récents : « La sobriété heureuse », une conférence qui a fait grand bruit pour l'Université de tous les savoirs publiée sous forme de brochure, et « De la convivialité » paru à La Découverte en 2011.
Patrick Viveret est le co-fondateur des rencontres internationales « Dialogues en Humanité » et animateur de l'association « L'observatoire de la décision publique ».Et là nous sommes au cœur de ce que nous faisons ici, informer les citoyens pour qu’ils soient en mesure de faire pression sur nos gouvernements. Dans le film il est aussi question d’un autre collectif, le Forum pour d’Autres Indicateurs de Richesse (FAIR)* créé en réponse à la Commission Stiglitz.
Il y a des phrases dans ce documentaire qui restent en mémoire comme : « Ce qui n’est pas compté finit par ne plus compter » C’est en effet le cas avec notre travail bénévole dans les associations ou avec le travail des femmes pour assumer le ménage et s’occuper des enfants et du mari.
Puis la phrase de Bernhard SHAW : « les citoyens devraient être profondément émus par les statistiques », sous-entendu par ce qui se cache derrière ces chiffres.
Et quand on sait que les blessés dans les accidents de la route qui engendrent des frais hospitaliers font croître le PIB, donc la « richesse » nationale, on mesure toute l’absurdité du système.
Comment a-t--on pu rester sur cette idée d’Adam Smith du 18e siècle que le simple volume de la production entraîne l’opulence, donc la démocratie ? Le PIB augmente, mais qu’en est-il du bien-être des citoyens ? Comment prendre en compte la dégradation sociale et écologique dans le calcul de la richesse ?
Question à Vincent GLENN : Est-ce cela qui vous a donné l’idée de faire un film sur un sujet comme les indices, une matière a priori aride, et qui vous a demandé 3 ans de travail ?.........
C'EST QUOI LA (VRAIE) RICHESSE ? Savez-vous que Le pétrolier ERIKA qui a généré tant de pollution marine mais en même temps plein de travaux de réparation, a généré une augmentation considérable du PIB, alors que le travail des bénévoles pour dépolluer les plages n'a même pas été pris en compte? Ce qui n'est pas compté ne compte pas, voilà la logique de nos INDICES. Il est temps de se doter d'autres indicateurs de richesse, ceux qui prennent en compte notre bien-être, notre bonheur de vivre. La croissance semble s'être érigée en fin ultime de nos sociétés et le PIB est l'indicateur de richesse le plus cité, alors qu'il "sert à mesurer tout sauf ce qui fait que la vie vaut d’être vécue" (dixit Robert Kennedy). Quand on rencontre un ami, on lui demande "comment ça va? " et non "combien as-tu produit aujourd'hui?” Le dernier documentaire de Vincent Glenn vient pointer l'absurdité de la fuite en avant de la marchandisation généralisée au dépens de notre bien-être. Nous sommes bien conscients que la croissance du PIB a décroché du sentiment de bien-être - mais aussi de la réduction du chômage. Pourquoi conserver cette approche réductrice et erronée de la richesse? C'est parce que nous croyons toujours que la croissance du PIB = progrès. Pour Patrick Viveret ou Dominique Meda, protagonistes du film, il est temps de changer d'indicateurs de richesse, ce qui suppose de penser notre société autrement.
Dans son livre « Pourquoi ça ne va pas plus mal » Patrick Viveret écrit : « choisir d’être heureux est un acte politique ». Il suffit de donner un sens à sa vie. Mais cette guerre économique dans laquelle nous sommes empêtrés ne donne pas beaucoup de sens à nos vies, le travail devient une foire d’empoigne et de rivalité au lieu de fabriquer du lien et le vivre ensemble. En fait, en économie, toutes les conditions matérielles sont réunies pour dépasser la simple satisfaction des besoins primaires. Or, la sphère économique reste figée et devient le champ de bataille qui aboutit à une « dépression nerveuse collective ». Selon P.Viveret, « la crise n’est pas économique, elle est culturelle et mentale et nous amène ½ siècle en arrière, à la peur du chômage et de la pauvreté.
Discours pour l’Observatoire de la décision publique : « Le temps est venu de placer la construction de la joie de vivre au cœur des projets alternatifs. Il ne suffit plus d’affirmer qu’un autre monde est possible, mais de voir qu’une autre manière d’être au monde est déjà là et qu’il nous revient de mettre en réseau toutes les initiatives de ce qu’on appelle les « créatifs culturels ».
FAIR : Suite à la constitution du Comité pour la mesure des performances économiques et du progrès social, dit Commission Stiglitz , les réseaux de la société civile qui ont déjà travaillé sur la question des nouveaux indicateurs de progrès « au-delà du PIB », dans une vision renouvelée de la richesse ou du développement humain durable, ont créé le collectif FAIR : forum pour d’autres indicateurs de richesse.

 

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