L'homme est-il une femme comme les autres ?

le 4 Octobre 2007

DEBAT AVEC GUNTER GORHAN au CAFÉ DE LA MAIRIE
L’HOMME EST-IL UNE FEMME COMME LES AUTRES ?
Qu’est-ce qui nous unit, qu’est-ce qui nous sépare ?

Derrière cette question se profile la peur implicite de l’homme d’être assimilé au « sexe faible ».
Car les femmes depuis l’Antiquité ont été pensées par les philosophes, puis par les hommes de l’Eglise, comme catégorie sexuelle inférieure, incapable d’élaborer la moindre pensée abstraite, incapable de participer aux affaires de la cité et encore moins de philosopher.
Pour ARISTOTE, c’est l’homme qui dépose dans la matrice de la femme une substance qui lui donne forme et PENSÉE, alors que la femme non fécondée n’est qu’une matière molle (voir les écrits de l’anthropologue Françoise Héritier).
Pour les hommes de l’Eglise, les femmes n’étaient que tentatrices ou sorcières, entièrement guidées par la chair pécheresse, si on les laissait faire.

Puis, sous la Révolution française, les hommes politiques ont barré l’accès des femmes aux droits de l’Homme et du Citoyen en invoquant la NATURE de la femme inapte à la politique, et ils ont décapité Olympe de GOUGES qui prétendait le contraire.
Le CODE NAPOLEON un peu plus tard a assimilé la gente féminine aux enfants et handicapés mentaux pour les exclure du droit de vote qu’elles n’ont acquis qu’en 1944.
C’est seulement depuis les années 70, que les femmes disposent librement de leur corps avec la pilule et le droit d’avorter.
C’est donc toujours à cause de leur prétendue NATURE – entièrement fabriquée et pensée par les hommes – qu’on les exclut de la cité et de la politique.
Le seul modèle de femme imaginé et promu par les hommes était celui de la MÈRE, de l’AMANTE, de la MAÎTRESSE et de l’ÉPOUSE entièrement dévouée aux soins des enfants et du mari. Le modèle inverse est celui de la FEMME FATALE ou de la courtisane. On ne sort pas du stéréotype de « la maman et la putain ».
Le noeud du problème est bien sûr la sexualité et la mainmise de l’homme sur la procréation et la progéniture.

Mais depuis 40 ans, cet ordre millénaire est chamboulé depuis que les femmes disposent librement de leur corps et de ce fait décident si elles veulent des enfants ou non, avec un partenaire ou non.
Il est normal que cela suscite des craintes chez les hommes qui se sentent dépossédés de leurs prérogatives. Pour parer au danger ils invoquent la menace d’une trop grande similitude et la perte d’attrait entre les deux sexes.
Certains auteurs comme le psychanalyste Michel Schneider,
agitent le spectre du POUVOIR MATERNEL (Big Mother) et de l’infantilisation qui planeraient sur la société.
Revenons à la question : qu’est-ce qui nous unit, qu’est ce qui nous sépare ?
Bien sûr il y a la différence physiologique de l’utérus. Mais c’est justement au nom de cette différence biologique qu’on a enfermé les femmes dans le rôle de procréatrices.
Simone de BEAUVOIR a bien dit : « on ne naît pas femme, on le devient ».
En remettant ainsi le facteur biologique à sa place – la seconde place – elle a au moins le mérite d’avoir dynamité les barreaux de la prison des femmes (dixit E.Badinter dans Fausse route).
Pour ne pas retomber dans les vieux clichés, il vaudrait mieux mettre l’accent sur ce qui nous UNIT. N’est-ce pas justement la PENSÉE ? Car les femmes - depuis qu’elles ont accès aux études - n’ont-elles pas largement fait leurs preuves dans les domaines des médias et de l’écriture, sans que cela les rende moins attirantes ? Le débat est ouvert.

 

 

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