Pourquoi les émeutes urbaines ?

Samedi 8 octobre 2011

Rencontre- débat avec ALAIN BERTHO au Café de société d’Antony

POURQUOI LES ÉMEUTES URBAINES ?
 

Quel lien y a–t-il entre les émeutes françaises de 2005 et de 2007 et les émeutes de jeunes britanniques à Londres cet été ? Quel est le lien entre les « casseurs » français, les « hooligans» anglais ou les « encapuchados» espagnols ?

Qu’ont donc en commun les révoltes urbaines de par le monde, que ce soit en Grèce, en Chine, en Lituanie, en Islande en Thailande ou en Corée?

Alain Bertho nous le dira.. Il est sociologue et enseigne «l’anthropologie du présent» à Paris-VIII, à savoir dans la banlieue de Saint-Denis. Longtemps spécialiste des banlieues, il a commencé à s’intéresser aux émeutes en 2005 avec les émeutes de Clichy-sous-bois, suivies en 2006 par le mouvement des lycéens. Il a mené ses recherches in situ, en suivant le mouvement auquel son fils a d’ailleurs participé, puis il les a élargies au monde entier. Le résultat est un livre passionnant : « LE TEMPS DES ÉMEUTES». Parallèlement il a créé son blog où il recense en permanence tous les soulèvements populaires au quatre coins du monde :

Pourquoi cette passion? Parce qu’il veut donner une visibilité à ce qu’il appelle « l’invisibilité voulue de la pensée populaire » et aussi pour mettre des mots sur des images. Car un des éléments qui distingue les émeutes actuelles des soulèvements populaires d’avant, y compris le mouvement de Mai 68, c’est l’absence de slogans, de mots d’ordre, de drapeaux et même d’organisation. Leur seul relais c’est l’internet où apparaissent des vidéos tournées pendant les passages à l‘acte. Souvent il y a des images de feu, de voitures brûlées etc., et souvent ces émeutes sont déclenchées par la mort d’un jeune, que ce soit en France, en Angleterre, en Cine ou en Tunisie.

Aussi les émeutiers ne veulent pas prendre le pouvoir, Ils ne croient plus à la politique ni à leur représentation. Ils veulent juste exprimer leur colère.. D’ailleurs le plus souvent après les émeutes tout repart comme avant, sauf que les « casseurs » paraissent devant les juges.

La seule réponse des États aux soulèvements croissants, c’est la répression. Tous les continents disposent aujourd’hui de forces antiémeutes – même la Chine qui n’en avait pas, a créé cette année un corps spécial de 600 000 personnes.

Pour Alain Bertho l’explication pour ces révoltes qui éclatent au quatre coins du monde, est la mondialisation qui explique aussi pourquoi elles se ressemblent tant. Aujourd’hui ce sont les agences de notation qui imposent les politiques budgétaires aux États, sans tenir compte des intérêts des peuples. C’est là qu’apparaît le lien entre l’économie mondiale, l’accroissement des inégalités et les émeutes urbaines, et ceci au-delà des spécificités de chaque pays. « Nous vivons tous une époque identique . A l’heure de la mondialisation, les Etats nationaux se comportent à peu près de la même façon avec les gens ».

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