Tous unis dans la tranchée

Café société, 15 novembre 2014, 10H30 
Médiathèque Anne Fontaine, Antony 
THÈME : Commémoration du Centenaire de la Grande Guerre, en partenariat avec la Section de la Ligue des droits de l’Homme d’Antony. Animé par « Rencontres et Débats Autrement »
LES POILUS:  INTELLECTUELS ET GENS DU PEUPLE – UNION SACRÉE ?

INVITÉ : Nicolas MARIOT 
Nicolas Mariot est chercheur au CNRS, Centre européen de sociologie et de sciences politiques, historien et sociologue, membre du Collectif de Recherche International et de Débat sur la Guerre 1914-1918. Il a dirigé la publication “Obéir, désobéir : les mutineries de 1917 en perspective” (Editions La Découverte) et est auteur de«Tous unis dans la tranchée ? 1914-1918, les intellectuels rencontrent le peuple», éditions du Seuil, 2013

La Première Guerre mondiale est dépeinte dans les livres d’histoire comme le temps de "l’Union sacrée”.
Mais y a-t-il vraiment eu cette union entre les intellectuels et le peuple ? 
Loin de cette vision idéaliste des tranchées abolissant les différences de classe, Nicolas Mariot  découvre en réexaminant les récits de soldats que les clivages persistent entre une bourgeoisie éduquée et les hommes du peuple dont seulement une infime minorité (2%) possède le baccalauréat.
Des personnalités aussi brillantes que Guillaume Apollinaire, le peintre Fernand Léger, Henri Barbusse, Marc Bloch ou Georges Duhamel ont laissé des témoignages dans leurs lettres à leurs familles ou amis, des choses qu’ils n’ont pas écrites dans leurs romans : ils parlent de leur solitude dans un monde de violence, de vulgarité, d’alcool et de jeux de carte. Eux qui ont des idéaux à défendre s’étonnent que les camarades du peuple en sont dépourvus et manquent d’engagement patriotique. Ils en souffrent et cherchent même à ne pas trop se distinguer. L’un (André Kahn) apprend à rouler des cigarettes, un autre écrit à sa femme de lui envoyer de guêtres pas trop chères pour qu’il ne ressemble pas à un officier. Ils souffrent de la promiscuité et du manque d’espace pour être seul, avoir “une chambre à soi” pour écrire et penser. En fin de compte ils persistent dans leur rôle d’élite cherchant à éduquer les autres. Les rapports de classe sont par ailleurs recréés rien par la solde minime pour les simples soldats et nettement supérieure pour les intellectuels devenant vite officiers ou sous-officiers. La photo qui figure sur la couverture de “Tous unis dans la tranchée?” est emblématique: L’officier lit le journal pendant que son ordonnance lui brosse les bottes.
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