L'Homme simplifié
Mardi 22 octobre 2013
Université Populaire Mairie 2è, 8, rue de la Banque, métro Bourse
THÈME: De L’HOMME AUGMENTÉ à L’HOMME SIMPLIFIÉ
INVITÉ : Jean-Michel BESNIER, philosophe, chercheur, spécialiste des nouvelles technologies, auteur de «
L'homme simplifié le syndrome de la touche étoile. Fayard, 2012
Demain les posthumains. Le futur a-t-il encore besoin de nous ? Fayard, 2009
Dans son dernier livre L’HOMME SIMPLIFIÉ JM Besnier tente de démontrer combien l’obéissance quotidienne à un système binaire conduit inéluctablement à l’avènement d’un monstre hybride entre l’homme et la machine prôné par les tenants du transhumanisme (voir « Demain les posthumains »). Il expose clairement comment, sous le couvert de gestes simples et la promesse d’un « homme augmenté », l’on simplifie l’être humain pour l’adapter à la technique. Rien ne semble arrêter la prolifération d'outils et le développement d'applications censées nous faciliter la gestion des flux informationnels se déversant dans nos boîtes de messagerie ou dans nos agrégateurs les plus divers . L’auteur s’inquiète de « l’'aberration consistant à déléguer sans limites aux machines le soin de régler nos relations et nos rapports avec le monde « .
Jean-Michel Besnier est professeur de philosophie à la Sorbonne, spécialiste des nouvelles technologies, membre du conseil scientifique de la Cité des sciences et du Cnrs. Il fait partie de plusieurs commissions éthiques. Ses recherches portent sur les impacts philosophiques et sociologiques des sciences et technologies cognitives. Le thème de ce soir s’inspire de ces deux dernier ouvrages cités en référence.
Dans L’HOMME SIMPLIFIÉ JM Besnier pose d’emblée la question provocant: Ne sommes-nous pas dans la servitude volontaire par rapport à nos machines ? C’est le penseur du 16e siècle, Etienne de la BOÉTIE qui a appliqué l’expression de la servitude volontaire aux hommes soumis au système féodal qui courbaient l’échine devant leurs maîtres sans se révolter. Mais aujourd’hui nous sommes des citoyens postmodernes fiers de nos libertés démocratiques acquises de haute lutte. JM Besnier s’étonne justement que nous nous laissons tyranniser par les machines, des automates de la SNCF aux serveurs locaux qui nous font passer par la touche étoile en déshumanisant nos rapports humains. Au lieu de nous faciliter la vie, ils la compliquent. Il est agacé par cette manière de nous prendre pour des imbéciles en nous faisant rentrer dans un système binaire qui nous fait répondre par oui ou par non, comme si on n’était plus capable de formuler un jugement nuancé. Il est vrai que les portables ont considérablement appauvri notre langage avec les sms au langage codé et acronyme incompréhensible pour un non initié. Et pourtant JM Besnier ne se dit pas technophobe. Rien que la question - vous êtes technophobe ou technophile ? est signe d’un raisonnement binaire ! Il se dit admiratif des inventions techniques de l’homme. N’est-ce pas par la technique et le langage que l’homme s’est arraché au monde animalier ? En réalité aujourd’hui nous sommes déjà des hommes augmentés par toutes sortes de prothèses, des lunettes aux appareils auditifs ou pacemakers. La différence avec les nouvelles technologies est que ces techniques sanitaires sont au service de l’homme et non l’inverse. Les machines deviennent dangereuses quand elles abolissent notre conscience et notre pouvoir de décision, comme le font p.ex. les robots TRADERS, ces logiciels autonomes pouvant donner des ordres aux dépens et à la place des courtiers.
L’HOMME SIMPLIFIÉ n’est qu’une mise en garde contre cette DÉSHUMANISATION progressive par la simplification qui ne tient pas compte de la complexité de l’homme.
Pour en venir au sujet de ce soir j’avais proposé à JM Besnier: De l’homme simplifié à l’homme augmenté (du moins au plus justement !). Mais il a préféré : DE L’HOMME AUGMENTÉ A L’HOMME SIMPLIFIÉ, et il vous expliquera pourquoi.