La culture FaceBook

Samedi 26 novembre à 16H

1er CAFÉ DE SOCIÉTÉ à la Médiathèque Arthur Rimbaud d’Antony

 VIRTUEL, MON AMOUR
Comment “la culture Facebook” imprègne notre vie quotidienne
Alexandre des Isnards, émule de Sciences Po, a travaillé pendant neuf ans en tant que consultant Internet en agence media et web agency. « FB m’a tuer » est donc le fruit d’une expérience personnelle – exactement comme celui du bestseller précédent « L’Open Space m’a tuer » également co-écrit avec son ami Thomas Zuber. Non seulement ces livres s’inspirent d’une expérience vécue, ils rassemblent aussi celle de leurs amis. Il s’agit donc de petites saynètes très drôles et plus vraies que nature,  dans lesquelles plus d’un entre nous peuvent se reconnaître. Par exemple la saynète au restaurant où aujourd’hui on n’est plus à deux mais plutôt à quatre, puisqu’il faut compter avec le portable de chacun.
C’est dire que tous ces nouveaux réseaux sociaux – FB, Twitter, l’Iphone, les sites de rencontres, les jeux en ligne - changent notre vie quotidienne. Citons les auteurs :
 « Facebook n'est pas seulement un site Internet. C'est un mode de vie. » Un nouveau mode de vie qui révolutionne nos relations amicales, amoureuses et familiales. Un exemple connu. Alors que tout le monde communique avec tout le monde et en permanence, il n'a jamais été aussi difficile de se voir dans la vie réelle.
Le plus frappant c’est de constater que la TRANSPARENCE de l’Open Space de l’entreprise est transposée à la VIE PRIVÉE. Sauf qu’on peut détourner les nouveaux réseaux sociaux au profit de son propre narcissisme. On se met en valeur et on montre à quel point on est heureux dans sa vie. 
Tous les « amis » doivent être mis au courant instantanément - via albums photo - des merveilleuses vacances qu’on passe à l’autre bout du monde, ou de la naissance du bébé que le nouveau père filme en direct. Comme dans l’entreprise, on n’expose que le BONHEUR et on POSITIVE tout, on s’ÉCLATE en permanence. En tout cas, c’est cela qu’on montre. Finalement on joue volontairement la carte de la TRANSPARENCE, sauf qu’on ne parle jamais de ce qui ne va pas.
Cette emprise de l’entreprise sur la vie privée fait penser à un autre livre écrit par la philosophe Michela MARZANO « DE LA MANIPULATION, DE L'ENTREPRISE A LA VIE PRIVEE »
 Autre ressemblance avec le monde de l’entreprise : les relations amoureuses sont « gérées » comme s’il s’agissait d’une « performance» avec l’unique objectif : « se faire plaisir »
. Les auteurs prennent l’exemple d’une femme chasseur d’hommes sur le site de rencontre « adopteunmec ». Elle est l’exacte réplique des hommes consommateurs de sexe qui font leur « marché » sur internet . Les hommes deviennent « jetables » soit avant, soit après consommation - tout comme les salariés d’une entreprise. L’erreur à ne pas commettre est de montrer ses sentiments ou de s’attacher. Celui ou celle qui commet ce « faux pas » a perdu au jeu. Si on veut rester « maître du jeu » du bonheur à la carte il convient surtout d’éviter les complications sentimentales cataloguées comme « prises de tête » .
QUESTIONS à Alexandre des Isnards :
Vous tendez un miroir assez terrifiant de la comédie sociale que jouent les utilisateurs de Facebook & compagnie. On « gère «  ses amis, sa famille, ses enfants. C’est comme si les méthodes du néo-management s’étendaient à la vie privée. La transparence, le consumérisme, le positivisme forcé, la simulation du bonheur – tout y est. Est-ce que votre livre ne donne pas raison aux technophobes ? Est-ce qu’il n’y aurait pas une utilisation à bon escient de cette nouvelle technologie ? Un philosophe comme Bernard STIEGLER parle des nouvelles technologies comme d’un pharmakon, à savoir à la fois poison et remède. Vous insistez beaucoup sur l’effet poison.
Avez-vous néanmoins une recette de bonne utilisation des nouveaux réseaux sociaux, sans tomber dans l’addiction, le narcissisme, et le bonheur simulé ?


 

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