Mieux manger et nourrir l'humanité

Samedi 28 MAI à 14H15: Médiathèque Anne Fontaine à Antony
SUJET: MIEUX MANGER ET NOURRIR l’HUMANITÉ
SOLUTIONS POUR UNE ALIMENTATION DURABLE

INVITÉ: Christian RÉMÉSYNutritionniste, directeur de recherche à l'INRA (Institut National de la Recherche Agronomique), lanceur d'alerte et auteur de "l'Alimentation durable: pour la santé de l'homme et de la planète, éditions Odile Jacob, 2010.
C’est un livre qui relève le double défi de son titre, traiter à la fois de la santé de l’homme et de la planète, un remède qui passe par l’alimentation durable. Après avoir lu ce livre vous avez l’impression qu’à chaque fois que vous vous faites du bien en achetant le bon aliment pour mieux manger, vous faites aussi un acte écologique, qui, multiplié par d’autres consommateurs responsables, fera du bien à notre planète. Il y a en effet urgance à agir devant des chiffres explosifs : 1 milliard d'hommes (un tiers de l’humanité) meurent de faim ou de malnutrition, tandis qu'au même moment 1 milliard d'hommes souffrent de surcharge pondérale (300 millions d'obèses). Et ces chiffres de 2008 sont déjà largement dépassés.
Bel exploit des pays développés : une partie des pauvres meurt de faim, l’autre partie de malbouffe ou d’obésité, car ce sont souvent les mêmes catégories qui sont concernées - à savoir les pauvres.
Les émeutes de la faim de 2006-2008 ont servi de révélateur de l’incapacité des nations à garantir la sécurité alimentaire à l’échelle planétaire. Et pourtant le droit à l’alimentation et à la santé sont des droits humains élémentaires, droits humains inscrits dans la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme de 1948.
Et pourtant la faim dans le monde ainsi que les maladies dites « civilisationnelles » comme l’obésité ou le diabète, augmentent de façon spectaculaire.
A qui la faute? Aux gouvernements qui ne font qu’obéir au diktat de la croissance économique ? Aux multinationales qui cherchent à se positionner dans la course aux marchés des semences, qui accaparent des terres bon marché pour faire des agrocarburants ? Ou est-ce la faute des consommateurs qui achètent des produits que leur propose l’industrie agro-alimentaire productiviste?
Pour Ch. Rémésy comme pour la plupart des chercheurs, l’industrie agro-alimentaire uniquement productiviste n’est simplement pas adaptée aux besoins de l’homme. Mais le productivisme arrange bien nos gouvernements dans leur course à la CROISSANCE. Ce qui fait qu’ils privilégient l’investissement des multinationales pour pouvoir afficher un taux de CROISSANCE en hausse, au lieu de mener des campagnes d’information cohérentes sur l’alimentation auprès des consommateurs qui, eux, achètent ce qu’on leur propose, et selon leur budget.
Mais en refusant la «Mcdonaldisation» et la « malbouffe » , les consommateurs responsables ont justement un rôle clef à jouer et peuvent faire pression sur leurs gouvernements.
C’est une question de prise de conscience, donc d’information et de médiatisation, et nous sommes ici pour contribuer à ce travail.
S’il y avait autant d’information et de médiatisation sur l’alimentation que sur le climat et l’écologie en général, les consommateurs pèseraient déjà plus lourd par leurs actes d’achat au quotidien. En attendant ils sont déboussolés par des informations partielles, incohérentes, voire contradictoires. On nous assène p.ex. de manger 5 fruits et légumes par jour, mais en même temps on nous décourage par les informations sur les pesticides qui contaminent ces mêmes fruits et légumes.
La question est : pourquoi les gouvernements n’écoutent pas les nutritionnistes (une discipline d’ailleurs tellement maltraitée qu’elle est en voie de disparition) ? Le secteur alimentaire est géré avec une grande désinvolture, comme si la santé des consommateurs et notre environnement n’en dépendaient pas. Tout se passe comme si le pouvoir politique n’osait pas affronter le lobby agro-alimentaire et prendre des mesures qui bénéficieraient à la santé de tous. Les politiques s’abritent derrière la sacro-sainte liberté de choix des consommateurs tout en « oubliant » de les informer sur une alimentation naturelle plus saine que ces produits sophistiqués dans les rayons de nos supermarchés contenant trop de sel, trop de sucre, trop d’arômes et autres additifs artificiels.
Dans ces conditions d’une désinformation systématique, la question est comment tourner le dos à la société de consommation dont nous sommes tous plus au moins devenus addicts grâce aux méthodes insidieuses du marketing ?
Pourtant, dit Ch. Rémésy – et il n’est pas le seul – la survie de la planète passe par un changement de nos modes de vie et d’alimentation. Peut-être nous changerions plus facilement nos habitudes alimentaires si nous prenions conscience qu’en mangeant plus de fruits et de légumes et moins de viande nous faisons en même temps un geste écologique en faveur de la planète. Mais là encore le changement de nos modes d’achat et de nos modes de vie passe par l’éducation et une information cohérente. Pour remédier à cette carence, Ch. Rémésy rêve de créer des Maisons de l’Alimentation Durable qui fonctionneraient comme des agences d’information alternatives. Mais en attendant ce qu’on peut demander à un consommateur-citoyen c’est de RÉSISTER au prêt-à-penser médiatique et d’agir selon de nouveaux slogans : « JE PENSE CE QUE JE MANGE » ou encore « JE DONNE DU SENS À CE QUE JE MANGE ».
J’enchaîne avec trois questions à notre invité :
- Quelles sont les répercussions sur la carrière d’un chercheur devenu lanceur d’alerte ?
- Comment concilier vertu écologique et plaisir de manger ?
- Comment concilier une alimentation de qualité avec le budget-argent et le budget temps ?


 

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