La souffrance au travail

Mardi 7 JUIN 2011
Café du Pont Neuf

Comment réagir à la souffrance au travail ?
INVITÉS:
Marie PEZÉ, psychanalyste, docteure en psychologie, experte judiciaire
Rachel SAADA, avocate en droit social
Nicolas SANDRET, médecin et inspecteur du travail,
co-auteurs de « TRAVAILLER A ARMES ÉGALES, SOUFFRANCE AU TRAVAIL : comment réagir »

Marie Pezé est l'une des plus grandes spécialistes de la maltraitance dans le monde du travail en France et responsable du RÉSEAU CONSULTATION SOUFFRANCE AU TRAVAIL.
Rachel Saada est avocate et a accompagné la veuve d'un ancien ingénieur de Renault qui s'est suicidé en octobre 2006, au technocentre de Guyancourt.
Nicolas Sandret est médecin inspecteur régional du travail.
Leur ouvrage veut donner des conseils pratiques pour faire face à la maltraitance au travail.
Marie PEZE est docteur en Psychologie, psychanalyste, expert judiciaire près la Cour d’Appel de Versailles. Elle a créé la première consultation « Souffrance et travail » en 1997 au centre hospitalier de Nanterre où elle a reçu en moyenne 900 patients par an. De ces entretiens est né son livre à succès : « Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés. Journal de la consultation “Souffrance et Travail” 1997-2008 » (Pearson, 2008), livre qui a inspiré un documentaire du même nom de Sophie Bruneau et Marc-Antoine Roudil sorti en salle en 2006.
Marie Pezé est par ailleurs responsable pédagogique en psychopathologie du travail au CNAM, il s’agit d’un certificat créé par Christophe DEJOURS en 2008. C. Dejours est l’auteur de « SOUFFRANCE EN FRANCE » (Seuil, 1998), ouvrage qui, il y a déjà 20 ans, a mis le doigt sur la souffrance au travail.
Marie Pezé qui a beaucoup travaillé avec C. Dejours, est aussi une des protagonistes de deux autres excellents documentaires sur le monde du travail : » J’ai très mal au travail » de Jean-Michel Carré et « la mise à mort du travail » de Jean-Robert Viallet et Christophe Nick : http://rencontres-et-debats-autrement.org/index.php?page=la-mise-a-mort-du-travail
Nous avons organisé des CINÉ-DÉBATS sur les deux films et par ailleurs nous n’avons pas seulement invité le psychanalyste Christophe Dejours à nous débats, mais aussi la philosophe Michela Marzano à propos de son livre « Extension du domaine de la manipulation », ou encore le sociologue Vincent de Gaulejac et Danielle Linhart pour son livre « Pourquoi travaillons-nous? ».
La maltraitance au travail est la conséquence des nouvelles méthodes du management qui cassent les solidarités et instaurent la rivalité entre les salariés, au point que plus personne ne vient au secours de celui qui est harcelé ou qui n’arrive pas à faire face au « toujours plus ! » exigé par les managers ou les actionnaires. Au lieu de faciliter le vivre ensemble le travail casse les liens et devient une « zone de combat » et de rivalité où les plus cyniques sont les gagnants et les plus sensibles les perdants. Pensez à tous les suicides au travail. On en vient même à s’immoler par le feu !
Et c’est pour ne pas compter parmi les perdants que nos trois invités vont vous livrer les outils élaborés par le réseau de prise en charge de la souffrance au travail et décrits dans leur livre « TRAVAILLER A ARMES ÉGALES ».

Extraits d’une interview de Marie Pezé, mai 2011
La création des consultations hospitalières de souffrance au travail, dont vous êtes pionnière, a constitué un progrès...
Marie Pezé. Il n’y en a que 35. Elles ne sont pas financées. Il n’y a pas de crédits pour avancer sur ces questions-là. C’est même l’Agence régionale de santé qui a demandé qu’on me licencie parce qu’il fallait me faire taire. C’est aussi pour ça que j’ai écrit ce livre. Croyez qu’on a une opposition extrêmement importante à tout ce qu’on fait. On gêne puisqu’on parle des guides de management.
Vous savez combien est payé un expert judiciaire pour faire une expertise de harcèlement ? 170,30  euros. Pour six mois de travail, auditionner toute la hiérarchie,
…On ne voit plus que des crises psychiques aiguës, de la violence contre soi – vous vous rendez compte  : s’immoler par le feu !
C’est ce que nous appelons des suicides dédicacés. On ne peut pas vider de son sens le fait d’aller se faire brûler sur un parking ! Pas plus que, pour un inspecteur du travail, d’aller se suicider au ministère du Travail.
 

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